Citizen Poulpe - Critiques de films
  • Critiques de films
    • Toutes les critiques de films
    • Drame
    • Policier / Thriller
    • Horreur
    • Fantastique
    • Science-fiction
    • Comédies / Comédies dramatiques
    • Western
    • Espionnage
    • Guerre
    • Aventures / Action
    • Documentaire
    • Courts métrages
  • Extraits de films
  • Musique et cinéma
  • Dossiers
    • Dossiers thématiques
    • Portraits croisés
    • Personnalités
  • Recueil de nouvelles
  • Contact
Sheila McCarthy dans "Le Chant des sirènes"
Comédies / Comédies dramatiques 2

Le Chant des sirènes

Par Bertrand Mathieux · Le 24 octobre 2022

Film de Patricia Rozema
Année de sortie : 1987
Titre original : I’ve Heard the Mermaids Singing
Pays : Canada
Scénario : Patricia Rozema
Photographie : Douglas Koch
Montage : Patricia Rozema
Musique : Mark Korven
Avec : Sheila McCarthy, Paule Baillargeon, Ann-Marie MacDonald

Le Chant des sirènes nous plonge dans le « petit monde » d’un personnage féminin particulièrement attachant, dont on suit avec plaisir les rêveries et (més)aventures quotidiennes.

Synopsis du film

Polly (Sheila McCarthy) est une trentenaire rêveuse, maladroite et solitaire vivant à Toronto. Photographe amateure, elle trouve un emploi de secrétaire dans une galerie d’art dirigée par Gabrielle (Paule Baillargeon).

Polly éprouve une forme d’admiration amoureuse pour sa patronne, au point qu’elle voit d’un mauvais œil l’arrivée de Mary (Ann-Marie MacDonald), l’ex-compagne de Gabrielle, qui se rend fréquemment dans la galerie.

Le regard innocent de Polly va peu à peu se heurter au monde souvent arrogant de l’art contemporain, et tout simplement à une réalité pas aussi bienveillante qu’elle-même…

Critique de Le Chant des sirènes

Oh, s’il te plaît, soit capable de jouer, a pensé en elle-même la réalisatrice et scénariste Patricia Rozema quand elle a vu Sheila McCarthy entrer dans la salle où avaient lieu les castings pour la protagoniste du Chant des sirènes. Avec ses grands yeux sympathiques, son air un peu lunaire, McCarthy semblait faite pour jouer ce personnage de trentenaire candide que Rozema avait commencé à écrire alors qu’elle travaillait comme assistante réalisatrice sur La Mouche, le film culte de son compatriote David Cronenberg.

Comme on comprend ce coup de foudre instantané. On l’éprouve à notre tour dès les premiers moments du film : Polly Vandersma est instantanément drôle et attachante, et si c’est bien entendu à la plume de Rozema que sont dues ces qualités, c’est aussi, dans une très large mesure, à l’aura et au jeu de McCarthy.

Quand on fait un film qui porte principalement sur l’intimité d’un personnage – son quotidien, ses doutes, ses envies –, le personnage en question doit bien évidemment toucher ou a minima intéresser le spectateur pour que cela fonctionne. Comme déjà mentionné, c’est clairement le cas ici : le côté rêveur, naïf, maladroit et bienveillant de Polly font qu’on a immédiatement envie de savoir ce qui va lui arriver. Mais cela ne suffit pas, bien entendu ; il faut une mise en scène, un récit, d’autres personnages autour.

Il y a tout cela dans Le Chant des sirènes. Ce tout petit film indépendant, qui a coûté moins de 400 000 dollars, est réalisé avec talent, sensibilité, inspiration. Le récit, qui égratigne gentiment le monde de l’art contemporain, convainc dans sa manière d’effleurer des thèmes sans jamais les surligner, de dessiner des personnages, et leurs désirs, sans chercher à les cataloguer. L’amour que Polly éprouve pour sa patronne, par exemple, n’est pas évident à définir. Certains spectateurs homosexuels reprochèrent même au film d’être trop peu explicite, et à la réalisatrice de ne pas avouer publiquement son homosexualité. Mais une œuvre d’art ne doit pas nécessairement véhiculer un message politique, ou représenter une communauté. Un film est d’ailleurs souvent plus intéressant quand il est davantage personnel que représentatif. Par ailleurs, une approche différente aurait été en contradiction avec la nature même du personnage, qui précisément ne souhaite pas particulièrement appartenir à un groupe, quel qu’il soit.

Si Polly est en quelque sorte une femme qui se cherche, le film n’est pas axé sur la quête d’une vérité ou d’une voie salvatrice. C’est ce qui distingue radicalement Le Chant des sirènes de nombreux longs métrages faisant mine de s’attacher à des personnages un peu en marge de la société, pour au final articuler le récit autour de leur manière d’accéder à une quelconque forme d’intégration et de reconnaissance. Ici, si la fin donne des raisons d’être optimiste sur le destin de Polly, le scénario n’utilise pas ce ressort dramatique facile et finalement très conventionnel. Polly est comme elle est, et l’enjeu n’est nullement de la voir mûrir ou évoluer d’une façon ou d’une autre ; on souhaite simplement que le destin lui réserve quelques bonnes surprises, voilà tout !

La photographie de Douglas Koch décline une jolie palette de couleurs au cours des déambulations auxquelles se livre l’héroïne dans la belle ville de Toronto et ses environs, tandis que la musique de Mark Korven, qui a signé entre autres les BO du célèbre Cube (1997) et plus récemment celle de The Witch (2015), convient très bien à cette ode à la rêverie, à la discrétion, à la créativité et à la singularité.

Au niveau du casting, outre Sheila McCarthy dont j’ai déjà loué le talent et la présence, Paule Baillargeon est parfaite en directrice d’exposition égocentrique, tandis qu’Anne-Marie MacDonald, dans le rôle de son ancienne petite amie, apporte des nuances à la façon dont le film dépeint le milieu de l’art contemporain, dans la mesure où elle est plus douce et sympathique que Gabrielle.

On notera une amusante similitude entre le déroulement du scénario et le parcours du film. Si la protagoniste semble en effet être engagée sur de bons rails au terme de sa petite aventure, Le Chant des sirènes, film pourtant fauché et premier long métrage d’une réalisatrice inconnue, fut projeté à la Quinzaine des réalisateurs (alors dirigée par Pierre-Henri Deleau) du Festival de Cannes, en mai 1987. Il eut droit à une longue, et méritée, standing ovation. Depuis, on a finalement assez peu parlé, en France en tout cas, de ce petit joyau du cinéma canadien des années 1980. Sa découverte est d’autant plus réjouissante.

Le Chant des sirènes est disponible en ce moment sur MUBI, la plateforme de VOD britannique dédiée au cinéma d’auteur.

8 Note globale

Chronique à la première personne d'une jeune femme singulière, lunaire et artiste à ses heures, Le Chant des sirènes est un film pur, sincère, léger mais pas superficiel, dont la vision procure une sensation berçante, comme si l'aura bienveillante de la protagoniste avait imprégné chaque fragment de la pellicule.

Chronique intimistePatricia RozemaRéalisatriceSheila McCarthy
Partager Tweet

Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

Vous aimerez également

  • Mon Roi Drame

    Mon Roi

  • Two Days in Paris Comédies / Comédies dramatiques

    Two Days in Paris

  • Leur Algérie Documentaire

    Leur Algérie

2 commentaires

  • Marya Berry dit : 1 novembre 2022 à 1 h 19 min

    Reminds me of May Sarton’s novel « Mrs Stevens Hears the Mermaids Singing », as well of course of the original line by T.S. Eliot in, I believe, « The Love Song of J Alfred Prufrock ».

    Répondre
    • Bertrand Mathieux dit : 1 novembre 2022 à 10 h 07 min

      Thanks a lot for your comment! I have just read the plot of « Mrs Stevens Hears the Mermaids Singing » and I think you’re right, the title of this movie seems to be a reference to this novel. Do you recommend reading it?

      Répondre

    Laisser un commentaire Annuler la réponse.

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

    Rechercher une critique de film

    Facebook

    Facebook

    Dernières actualités

    • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      2 janvier 2023
    • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      13 décembre 2022

    Critiques les plus récentes

    • Petite fleur

      Petite fleur

      21 mars 2023
    • Les Petits câlins

      Les Petits câlins

      25 février 2023

    Critiques les plus consultées

    Notre histoire
    Elle
    La Moustache
    Le Troisième homme
    Wounds
    Sueurs froides
    Les chroniques de Pauline Kael
    Le Dossier 51

    Rechercher un film par thématique

    • Chronique intimiste
    • Critique sociale
    • Couples en plein doute
    • Détectives
    • Disparitions
    • Fantômes et apparitions
    • Féminisme
    • Jeux de l'amour et du hasard
    • Joies du libéralisme
    • Monstres et cie
    • Onirique
    • Politique
    • Questionnement identitaire
    • Réalisatrices
    • Récit initiatique
    • Relation vénéneuse
    • Sorcellerie
    • Transformation
    • Le travail c'est la santé

    Abonnez-vous !

    Abonnez-vous à Citizen Poulpe pour recevoir une notification par email à chaque nouvel article publié.

    • Critiques de films
      • Toutes les critiques de films
      • Drame
      • Policier / Thriller
      • Horreur
      • Fantastique
      • Science-fiction
      • Comédies / Comédies dramatiques
      • Western
      • Espionnage
      • Guerre
      • Aventures / Action
      • Documentaire
      • Courts métrages
    • Extraits de films
    • Musique et cinéma
    • Dossiers
      • Dossiers thématiques
      • Portraits croisés
      • Personnalités
    • Recueil de nouvelles
    • Contact

    Dossiers cinéma

    • Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

      Les « Dinner Parties From Hell » au cinéma

      19 avril 2020
    • Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

      Qui suis-je ? Exemples de troubles identitaires au cinéma

      22 novembre 2018
    • Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

      Les légendes urbaines dans le cinéma des années 90 et 2000

      30 mai 2018

    Actualités

    • Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      Le TOP cinéma 2022 de Citizen Poulpe

      2 janvier 2023
    • PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      PIFFF 2022 : La Montagne, de Thomas Salvador

      13 décembre 2022
    • PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

      PIFFF 2022 : courts-métrages internationaux

      12 décembre 2022

    Musique et cinéma

    • Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

      Le Ballon rouge : réécriture de la musique originale

      3 avril 2021
    • « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

      « Safe Travels » par Peter and the Wolf dans « Villains »

      25 avril 2020
    • « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

      « Soul on Fire » par LaVern Baker dans « Angel Heart »

      26 mars 2020

    Recherche

    Consultez l’index des critiques de films.

    Sites conseillés

    Découvrez une sélection de sites conseillés par Citizen Poulpe.

    Citizen Kane, c’est un film qui a révolutionné le cinéma, aussi bien par ses innovations visuelles que narratives. Le poulpe, et en particulier le poulpe géant, est un animal marin mythique, qui se démarque par son charisme, sa capacité d’adaptation, et sa connaissance de lui-même. Citizenpoulpe.com est un hommage au cinéma et à la grandeur solennelle du poulpe.

    Blog sous license Creative Commons. Propulsé par WordPress.