Éric Antoine Lebon a publié chez L’Harmattan, au début de cette année 2023, la biographie d’une comédienne dont on parle rarement aujourd’hui, bien qu’elle ait été très populaire dans la France des années 1940 : Giselle Pascal.
Un parcours haut en couleur
Fille d’un couple de modestes commerçants cannois d’origine italienne, Giselle Pascal (de son vrai nom Giselle Marie Madeleine Tallone) aurait été repérée sur la fameuse Croisette en juin 1941 (elle était alors dans sa vingtième année) par le réalisateur Marc Allégret, qui souhaitait lui confier un rôle dans sa version cinématographique de L’Arlésienne, la pièce d’Alphonse Daudet. Le film, dans lequel la jeune débutante donna la réplique à Raimu (acteur culte des années 30-40), sortira un an plus tard dans les salles obscures.
Ce fut le début d’une carrière un peu inégale, sans doute pas tout à fait à la hauteur du talent de la comédienne, comme le souligne son biographe ; ce qui n’empêcha pas celle-ci d’être particulièrement appréciée du public et souvent flattée par la presse. Elle tourna en outre avec d’illustres metteurs en scène, dont Maurice Tourneur, Sacha Guitry et même Andrzej Żuławski (vers la fin de sa carrière), ainsi que dans un film jugé sulfureux à l’époque de sa sortie, Le Feu dans la peau (1954), qui s’attira les foudres du maire de Nice, ville où il fut tout bonnement interdit (les maires niçois, de toute évidence, ne se distinguent guère par leur discernement et leur progressisme…).

La vie amoureuse de Giselle Pascal, largement commentée, fut émaillée de rencontres à fort potentiel médiatique ; on y croise ainsi Gary Cooper et le prince Rainier III de Monaco, idylle qui valut à la jolie comédienne le surnom de princesse sans couronne
, sous-titre de la biographie dont il est question ici.
Biographie qui témoigne d’un travail de recherche assez remarquable. Les détails livrés sur chaque tournage, ainsi que le récit de la jeunesse de l’actrice, sont d’une grande précision, tandis que l’approche d’Éric Antoine Lebon (dont c’est la troisième biographie) est profondément respectueuse, jamais indiscrète ou racoleuse. Le style soigné de l’auteur rend l’ensemble aussi instructif qu’agréable à lire.
Une biographie, donc, mais aussi un hommage d’autant plus appréciable qu’il concerne une personnalité dont la notoriété s’est amoindrie au fil du temps, comme celle de nombre d’artistes talentueux. Je suis personnellement sensible à cette démarche, ayant consacré récemment un article à Simone Simon dont on parle également bien peu aujourd’hui même si, contrairement à Giselle Pascal et c’est peut-être la chance qui a manqué à cette dernière, elle a tourné dans un très grand classique du cinéma (La Féline, de Jacques Tourneur).
Si vous êtes curieux d’en savoir davantage sur cette actrice à bien des égards attachante et douée, Giselle Pascal, la princesse sans couronne est disponible sur le site de L’Harmattan et peut également être commandé dans n’importe quelle librairie.
Une émission sur France Inter a par ailleurs été consacrée au livre ; le podcast est disponible ici.
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