Nicolas Pariser tourne depuis fin août Alice et le maire à Lyon, avec Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier en tête d’affiche. Un projet réjouissant pour deux raisons : il réunit un beau casting autour d’un brillant cinéaste, et il irrite Gérard Collomb.
De nouveau un film politique
En 2015, le premier long métrage de Nicolas Pariser – intitulé Le Grand jeu – avait séduit la majeure partie de la critique cinéma et pour cause, cette œuvre parvient à articuler une réflexion politique à la fois intime et collective avec une finesse rare. Son deuxième film s’inscrit dans le même registre thématique, bien qu’il s’agisse apparemment d’une comédie dramatique (sur fond de politique) alors que Le Grand jeu présentait une dimension thriller importante. Le ton devrait donc être assez différent.
Alice et le maire (lire la critique) raconte l’histoire d’un maire (fictif) de Lyon (incarné par Fabrice Luchini) en proie au doute et à court d’idées neuves ; son équipe a donc l’idée de lui trouver une nouvelle associée, une jeune philosophe campée par Anaïs Demoustier (vue récemment dans Jalouse et Au poste !).
Le film va selon toute vraisemblance illustrer la confrontation entre théorie et pratique de la politique, d’une manière qui devrait être subtile étant données les grandes qualités d’écriture démontrées dans Le Grand jeu. Fabrice Luchini, que l’on sait attaché aux beaux textes, a d’ailleurs dû apprécier celui que lui a proposé Nicolas Pariser. Outre Luchini et Demoustier, le casting d’Alice et le maire comprend Nora Hamzawi (qui joue également dans le prochain film d’Olivier Assayas, on peut donc dire que cette sympathique humoriste – et probablement talentueuse actrice – entre dans l’univers du cinéma par la grande porte), Alexandre Steiger, Léonie Simaga et Antoine Reinartz (récompensé pour son rôle dans 120 battements par minute).
L’embarras de Gérard Collomb
Le futur ex-ministre de l’Intérieur (qui serait socialiste, selon sa fiche Wikipédia…) Gérard Collomb n’a pas caché sa désapprobation par rapport au fait que le film de Nicolas Pariser décrit un maire de Lyon en panne d’inspiration. Il faut dire que Collomb a été maire de la ville aux deux collines par le passé mais surtout, qu’il va certainement de nouveau postuler à ce poste aux municipales de 2020. Il craint donc probablement une mauvaise publicité.
La colère de Collomb, qui à mon avis lui porte bien plus préjudice (s’il en était besoin) que le film à venir, ne s’est pas limitée à des mots puisque visiblement, l’équipe du film s’est heurtée à des contraintes diverses : d’une part, il a été fortement déconseillé à plusieurs personnalités politiques locales de faire de la figuration dans Alice et le maire (la socialiste Zorah Ait-Maten est la seule membre de la majorité actuelle qui sera présente à l’écran), d’autre part il n’a pas été possible de tourner dans la mairie lyonnaise, officiellement pour cause de rénovations… Alice et le maire a donc été en partie tourné dans les locaux du conseil départemental.
De son côté, Nicolas Pariser a farouchement nié s’être inspiré de la personnalité et du parcours de Collomb, qu’il ne connaissait pour ainsi dire pas avant son entrée au gouvernement, ajoutant que le film aurait pu être tourné dans une autre ville ; Fabrice Luchini a également confirmé que le propos d’Alice et le maire ne renvoyait en rien à une personne spécifique, mais développait plutôt une réflexion universelle sur la politique.
Tout porte à les croire : un auteur de la trempe de Nicolas Pariser ne se satisferait sans doute pas des limites évidentes que lui imposerait un modèle tel que Gérard Collomb pour un personnage principal…
Aucune date de sortie n’est connue à ce jour, le tournage ayant récemment débuté, mais il faudra de toute évidence surveiller ce long métrage prometteur. Et pour celles et ceux qui en douteraient, regardez donc Le Grand jeu – vous pourriez bien être convaincus.
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