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Valerie Donzelli et Bruno Todeschini dans "7 ans"
Drame 0

7 ans

Par Bertrand Mathieux · Le 15 février 2017

Film de Jean-Pascal Hattu
Année de sortie : 2006
Pays : France
Scénario : Jean-Pascal Hattu, Gilles Taurand et Guillaume Daporta
Photographie : Pascal Poucet
Montage : Anne Klotz
Musique : Franck Delabre
Avec : Valérie Donzelli, Cyril Troley, Bruno Todeschini, Pablo de la Torre, Nadia Kaci

Jean : T’as dormi ?
Maïté : Entre les deux.

Dans 7 ans, Jean-Pascal Hattu filme un couple qui, séparé par une peine de prison, tâtonne pour entretenir le désir et l’amour. Un sujet difficile que le réalisateur aborde avec subtilité, à travers un récit nuancé et souvent mélancolique.

Synopsis du film

Maïté (Valérie Donzelli) est mariée avec Vincent (Bruno Todeschini), qui a été condamné à une peine de 7 ans de prison. Toutes les semaines, Maïté lui rend visite dans un parloir étriqué, sous l’œil vigilant des gardiens. À côté de cela, la jeune femme gagne un peu d’argent en gardant Julien (Pablo de la Torre), le fils de son amie Djamila (Nadia Kaci).

Un jour, en sortant d’une visite, Nadia rencontre Jean (Cyril Troley). Très rapidement, une relation purement sexuelle démarre entre eux. Au bout de quelques rencontres, Jean confie à Maïté qu’il est gardien de prison, et qu’il connaît son mari…

Critique de 7 ans

Julien (lisant une brochure touristique) : Les Monts Dore sont les volcans les plus récents d’Auvergne. Ils sont nés à l’époque quaternaire, et les premiers hommes ont pu être témoins de leurs éruptions.

C’est à la fois un documentaire réalisé pour l’émission Striptease et une expérience personnelle qui souffla à Jean-Pascal Hattu l’idée d’écrire et de réaliser 7 ans. Journaliste de formation (un background qui se ressent en partie dans sa manière d’aborder la fiction), le cinéaste a en effet côtoyé, dans les années 1990, un couple dont l’homme était en prison. Il a ainsi directement pu observer l’impact, forcément majeur, de ce genre de situation sur une relation amoureuse.

C’est de cela dont nous parle 7 ans : comment deux individus peuvent maintenir les liens et le désir qui les unissent dans un pareil contexte. Un sujet difficile, que l’auteur approche d’une manière sur laquelle une réplique du film, qui pourrait sembler parfaitement anodine, nous éclaire en réalité beaucoup.

Valerie Donzelli et Nadia Kaci dans "7 ans"

Maïté (Valerie Donzelli) et Djamila (Nadia Kaci) dans « 7 ans »

Entre les deux : une phrase clé

La scène se passe dans une voiture conduite par Jean (Cyril Troley), tandis que Maïté (Valérie Donzelli), assise côté passager, est en train de se réveiller. Il lui demande si elle a dormi, ce à quoi la jeune femme répond : Entre les deux ; expression qu’utilise également le réalisateur quand, à l’occasion d’une interview, il évoque ses choix en matière de direction des acteurs : Je ne voulais pas leur donner trop d’informations sur les personnages, pour qu’ils [les comédiens] aient cette impression de toujours être entre deux.

Valérie Donzelli dans "7 ans"

Maïté (Valérie Donzelli), dans « 7 ans ». Le film montre bien la solitude de la jeune femme, notamment dans ces séquences où elle se couche, seule, le soir.

Entre deux. Par définition, la situation décrite dans le film est un entre-deux : entre la condamnation de Vincent et sa (lointaine) libération. Confrontés à ce douloureux et « anormal » état de fait (pour un couple, une telle séparation n’a évidemment rien de naturel), les personnages du film font comme ils le peuvent. Ils réagissent à des sentiments troubles, parfois contradictoires ; ils composent avec l’absence, la solitude, la frustration, et avec le fonctionnement de l’univers carcéral – lequel n’accorde à Vincent et Maïté que de brèves entrevues, où tout forme d’intimité est proscrite.

Bruno Todeschini dans "7 ans"

Vincent (Bruno Todeschini) et Maïté (Valérie Donzelli) dans un plan qui illustre bien leur « séparation »

De ce fait, si la situation triangulaire qui s’instaure entre Vincent, Maïté et Jean pourrait avoir quelque chose de pervers, ce qualificatif ne convient pas aux personnages, que le réalisateur se refuse à juger : ils ont chacun leurs raisons d’agir comme ils le font, dans un contexte particulièrement difficile à gérer. Le spectateur observe tout cela en restant, lui aussi, « entre-deux » : entre le sentiment que tout cela n’est pas « normal », pas « sain », et qu’en même temps, la situation lui est tellement étrangère qu’il serait presque déplacé de condamner qui ou quoi que ce soit. Cette réserve se ressent également dans le regard porté sur la prison : on nous montre les difficultés, les dysfonctionnements qu’elle engendre, sans que le film ne prenne l’allure d’un pamphlet.

Valérie Donzelli dans "7 ans"

Maïté (Valérie Donzelli) dans « 7 ans »

Sortir ce matin de la grisaille…

Il y a dans la distance observée par le réalisateur quelque chose d’élégant, de délicat, de respectueux même. De pudique, aussi, comme si Jean-Pascal Hattu voulait nous montrer ces trois solitudes sans s’immiscer dans la valse bancale, improvisée, qu’elles exécutent maladroitement au rythme de désirs troubles, d’attentes confuses et de sentiments malmenés.

Sortir ce matin de la grisaille, chante Étienne Daho dans sa jolie chanson Des Heures indoues, que l’on entend dans 7 ans : c’est parce qu’ils s’efforcent de continuer à croire en quelque chose que les trois personnages principaux du film – remarquablement bien interprétés par Valérie Donzelli, Cyril Troley et Bruno Todeschini – sont émouvants.

Jean (Cyril Troley) et Maïté (Valérie Donzelli). Plusieurs plans, dont celui-ci, soulignent l'absence de communication et la solitude des personnages, même quand ils sont physiquement proches. ici c'est bien sûr la disposition des comédiens qui suggère cette impression.

Plusieurs plans, dont celui-ci, soulignent l’absence de communication et la solitude des personnages, même quand ils sont physiquement proches. Ici c’est bien sûr la position des comédiens (Cyril Troley et Valérie Donzelli) qui suggère cette idée.

Également émouvant, ce petit garçon dont Maïté a la garde, et qui est amoureux d’elle ; dans une jolie scène, on le voit allumer successivement plusieurs allumettes, avant de les jeter dans la neige. L’image est évidente : chacun à leur manière, les protagonistes de 7 ans cherchent à maintenir une étincelle, un espoir auquel font écho les paysages enneigés et lumineux visibles dans la très belle séquence tournée en Auvergne.

Valérie Donzelli dans "7 ans"

Maïté (Valérie Donzelli) dans « 7 ans »

8 Note globale

7 ans aborde un sujet difficile avec beaucoup de délicatesse et de retenue. Son écriture épurée, qui n'en dit jamais trop, et sa mise en scène à la fois pudique et empathique à l'égard de personnages souvent un peu perdus et donc touchants, font regretter que Jean-Pascal Hattu n'ait pas tourné d'autres films pour le cinéma depuis (on soulignera qu'il a, en revanche, réalisé une dizaine de documentaires). Quant à Valérie Donzelli, elle trouva là l'un de ses plus beaux rôles jusqu'à maintenant.

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Bertrand Mathieux

Principal contributeur du blog Citizen Poulpe. Parmi mes cinéastes préférés : Michael Cimino ; Claude Chabrol ; Maurice Pialat ; Michael Powell ; Kelly Reichardt ; Arthur Penn ; Olivier Assayas ; Emmanuel Mouret ; Guillaume Brac ; Francis Ford Coppola ; Michel Deville ; Guillaume Nicloux ; Karim Moussaoui ; Woody Allen ; Sam Peckinpah ; Nacho Vigalondo ; Danielle Arbid ; Jean-Pierre Melville ; David Lynch ; Billy Wilder ; David Mamet ; William Friedkin ; Nicolas Pariser ; Sergio Leone ; Jane Campion ; Miguel Gomes ; Ari Aster ; Christian Vincent ; Sidney Lumet ; Dominik Moll ; Ernst Lubitsch ; Gilles Marchand ; Alfred Hitchcock ; John Carpenter ; Otto Preminger ; Whit Stillman ; Nicholas Ray...

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