Film de Toor Mian
Année de sortie : 2013
Pays : Royaume Uni
Scénario : Toor Mian, Adam Ford-Smith
Photographie : Fernando Ruiz
Montage : Christopher C.F. Chow, Fernando Ruiz
Musique : Edward White
Avec : Bill Thomas, Sean Knopp, Ross Mullan, Paul Marc Davis, Kelly Eastwood
Branick Hammond: This is it. Vermilion. Turkish wool woven, amber red. The sky in bloom.
The Sky in Bloom est un polar britannique racé, qui se distingue par son écriture précise et ses personnages nuancés.
Synopsis du film
Branick Hammond (Bill Thomas) est un trafiquant peu scrupuleux, qui se sait condamné par la maladie. Un jour, ses hommes de main Sean (Sean Knopp) et Ducek (Ross Mullan) découvrent le cadavre d’Eddie, un autre membre du gang. Ils réalisent rapidement qu’un tueur mystérieux est à leur trousse, et compte bien tous les éliminer un par un.
Branick et ses hommes tentent de faire front, mais la relation amoureuse secrète entre Sean et Amy Hammond (Kelly Eastwood), la fille de Branick, risque bien d’ébranler cette unité…
Critique de The Sky in Bloom
Deux hommes, visiblement bons amis, discutent de tout et de rien dans une voiture avant de s’arrêter prendre un petit-déjeuner dans un café ; ils y parlent d’amour, plus particulièrement de la nouvelle petite amie de Sean (l’un des hommes en question). Puis, au moment de régler l’addition, ils brutalisent soudain la propriétaire et son mari au cours d’une séquence particulièrement violente et tendue – on comprend alors que les malheureux commerçants doivent de l’argent au patron des deux racketteurs.
Cette scène est représentative de l’approche du réalisateur et co-scénariste Toor Mian au niveau de la caractérisation des personnages ; ceux-ci peuvent en effet, selon les moments, se révéler humains voire empathiques, ou terriblement violents et abjects. Cette absence de manichéisme, allié à un indéniable sens du détail, fait que les personnages de The Sky in Bloom échappent tous aux caricatures prisées par certains gangster movies et témoignent d’une consistance palpable, laquelle explique en grande partie la bonne tenue générale du métrage.
Celui-ci revisite à sa manière la mécanique traditionnelle du film noir : ici tous les hommes sont condamnés, à l’image du trafiquant vieillissant incarné par Bill Thomas, qui n’a plus que quelques mois à vivre et dont la principale obsession, en dehors du bonheur de sa fille unique, est le choix des couleurs à l’intérieur de son futur cercueil…
The Sky in Bloom est habité par cette idée de mort imminente, que la vendetta sanglante pratiquée par le mystérieux driver (Paul Marc Davis) rend certes plus concrète et brutale, mais qui dans le fond semble clouée aux basques de ces êtres empêtrés dans la violence et le vice. Seul le personnage d’Amy (Kelly Eastwood) est entièrement pur, mais elle n’a aucun effet sur le cours implacable des événements – et subit même directement les conséquences du mode de vie peu recommandable de son entourage.
Les acteurs font honneur à la partition nuancée écrite par Toor Mian et Adam Ford-Smith ; Sean Knopp est particulièrement convaincant en voyou impulsif capable parfois, néanmoins, de tendresse et de remords (sa composition volontairement ambiguë a d’ailleurs été récompensée au Newport International Film Festival, au Pays de Galles).
Cette balade violente et crépusculaire (qui s’achève évidemment sur un coucher de soleil) bénéficie par ailleurs de la photographie sophistiquée de Fernando Ruiz (également primée), et de touches décalées bien pensées, à l’image de l’entraînante chanson de Sara Schiralli qui rythme le générique de fin. I’m going down like a villain in this place
, chante la musicienne britannique ; une phrase que les personnages de The Sky in Bloom pourraient tous s’approprier…
The Sky in Bloom décline les codes du film noir avec suffisamment de style et de personnalité pour convaincre. Depuis, Toor Mian a signé deux autres films - The Milky Way (2015) et Charismata (2017) - restés très confidentiels en France et c'est regrettable : ce réalisateur possède de toute évidence un vrai regard, dont plusieurs auteurs de polars nettement plus célèbres sont dépourvus.
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