Film de Tommy Wirkola
Année de sortie : 2017
Pays : États-Unis
Scénario : Max Botkin, Kerry Williamson
Photographie : José David Montero
Montage : Martin Stoltz
Musique : Christian Wibe
Avec : Noomi Rapace, Willem Dafoe, Glenn Close, Marwan Kenzari, Pål Sverre Hagen, Tomiwa Edun
Seven Sisters (What Happened to Monday?) est une dystopie efficace et divertissante, portée par l’énergie et le talent de Noomi Rapace.
Synopsis du film
2043. Face au problème de la surpopulation, le gouvernement décide d’instaurer la politique de l’enfant unique. Une mesure radicale est votée dans ce sens : tout enfant supplémentaire est cryogénisé, le temps que la situation s’améliore.
Quelques années plus tard, la fille d’un dénommé Terrence Settman (Willem Dafoe) donne naissance à des septuplés avant de mourir en couche. Terrence, bien décidé à sauver ses sept petites filles, envisage un stratagème complexe : elles partageront à vie la même demeure, et chacune sortira le jour de la semaine qui correspond à son prénom (Monday; Tuesday; etc.). Officiellement, elles n’ont qu’une seule identité, celle de Karen Settman (Noomi Rapace). Une caméra portative et un debrief quotidien leur permettent d’assurer un comportement relativement homogène à l’extérieur, malgré leurs grandes différences de personnalité.
Un lundi, c’est Monday, comme il se doit, qui sort pour aller travailler. C’est une journée importante, puisqu’elle espère décrocher une promotion. Seulement voilà, le soir venu Monday ne revient pas, et les six autres sœurs perdent son signal GPS. Le lendemain, Tuesday sort à son tour, dans l’espoir de comprendre ce qui est arrivé à Monday…
Critique de Seven Sisters
Les thèmes développés dans Seven Sisters, à savoir les problèmes de la surpopulation et de la raréfaction des ressources de la planète, font partie de ceux que la science-fiction aborde de façon récurrente. La première référence qui vient à l’esprit est le célèbre Soleil vert (1973) de Richard Fleischer, mais il existe probablement, au cinéma comme en littérature, d’autres exemples significatifs. On pense également à l’excellente série britannique Utopia, même s’il est exclu que Max Botkin – auteur de la première mouture du scénario de Seven Sisters – s’en soit inspiré d’une quelconque manière, son script ayant été élaboré il y a au moins 7 ans (il figurait d’ailleurs sur la liste des meilleurs scénarios non produits en 2010) tandis que la série créée par Dennis Kelly a été diffusée pour la première fois en 2013.
S’il ne réinvente donc pas particulièrement la poudre au niveau de son sujet (il est de toutes façons assez absurde d’exiger cela de chaque nouveau film), Seven Sisters s’avère plutôt malin quant à sa manière de l’aborder. Surtout, il exploite intelligemment cette belle idée de départ (pour le coup assez originale) qui amène le spectateur à suivre le parcours non pas d’un ou deux protagonistes mais de 7 sœurs jumelles, comme le souligne le grossier titre « français » (le titre original, What Happened to Monday, est autrement plus mystérieux et intriguant).
La principale réussite du film de Tommy Wirkola (réalisateur finlandais à qui l’on doit notamment l’amusant Dead Snow) est de parvenir à faire exister chacune de ces 7 jeunes femmes à l’écran. Certes, le scénario a parfois recours a des procédés « faciles » pour bien différencier et caractériser ces dernières (la geek ; la garçonne ; la sportive ; la fêtarde ; la carriériste ; etc.), mais cela n’a aucune importance – et c’était même absolument nécessaire (pour d’évidentes raisons de rythme et d’efficacité).
Sur ce point, Seven Sisters doit énormément à la performance de Noomi Rapace (The Girl with the Dragon Tattoo ; Passion), qui déploie une énergie d’autant plus admirable qu’elle la combine avec une grande justesse de jeu. Grâce à sa ou plutôt ses compositions – qui brassent une très large palette de sentiments et d’attitudes -, on s’attache rapidement à chacune des sœurs et cette empathie tient le film du début à la fin.
Les scènes d’action, fréquentes et volontiers outrancières, donnent presque un côté BD à l’ensemble. Le fait qu’on soit concerné par le sort des personnages, comme indiqué ci-dessus, et aussi les qualités techniques propres à ces séquences (que Wirkola parvient à rendre lisibles et cohérentes), font que dans l’ensemble celles-ci fonctionnent plutôt bien. Elles sont cependant parfois trop longues et souvent « too much ». On sent ici que Seven Sisters a cherché à satisfaire le plus grand nombre : de ceux qui cherchent avant tout une bonne histoire aux amateurs de bastons et fusillades à tout va (on peut bien sûr se situer dans les deux catégories).
Les cinéphiles un peu snobs bouderont peut-être le film pour cette raison, tout comme on peut l’apprécier en songeant néanmoins qu’un soupçon de sobriété supplémentaire n’aurait pas été de trop (y compris dans la caractérisation – très manichéenne – des « méchants »). Mais au final, entre le charisme de Noomi Rapace, des rebondissements bien pensés (on n’est pas face à un twist gratuit, dans la mesure où il est crédible et même intéressant sur le plan de la psychologie des personnages) et un discours social convenu mais pas stupide (ce sont les couches populaires qui souffrent le plus du contrôle des naissances), Seven Sisters compose plutôt bien avec ses propres défauts (sommes toutes mineurs), et procure un réel plaisir de vision.
Bande-annonce de Seven Sisters
Seven Sisters trouve un équilibre entre les contraintes commerciales inhérentes aux grosses productions américaines modernes et des qualités d'écriture, d'interprétation et de réalisation évidentes. Quant à Noomi Rapace, c'était pour elle l'occasion rêvée de montrer toute la richesse de sa palette - et elle ne l'a pas manquée, loin s'en faut. On a hâte de la revoir dans des rôles à la mesure de son talent.
Aucun commentaire