Film de Denis Villeneuve
Année de sortie : 2017
Pays : Etats-Unis
Scénario : Hampton Fancher, Michael Green
Histoire : Hampton Fancher, d’après Do Androids Dream of Electric Sheep? de Philip K. Dick
Photographie : Roger Deakins
Montage : Joe Walker
Avec : Ryan Gosling, Harrison Ford, Ana de Armas, Sylvia Hoeks, Robin Wright, Mackenzie Davis, Jared Leto
Blade Runner 2049, en dépit de ses qualités visuelles et d’une honnête idée de départ, est un échec quasi total. La faute, principalement, à un scénario inepte.
Synopsis du film
En 2049, une nouvelle génération de réplicants « dociles » est intégrée à la société, même si elle souffre de discriminations en tous genres. K (Ryan Gosling), qui fait partie de cette génération, travaille comme blade runner pour le compte de la police de Los Angeles. Son travail consiste à traquer et à « retirer » les anciens modèles de réplicants.
À l’occasion d’un énième « retrait », celui d’un paisible fermier nommé Sapper Morton (Dave Bautista), K fait une découverte vertigineuse : celle du cadavre d’une réplicante, qui serait morte en couche.
Le lieutenant Joshi (Robin Wright) souhaite immédiatement étouffer l’affaire, laquelle ne manquerait pas de bouleverser l’ordre social. Elle charge donc K de retrouver l’enfant et de le supprimer…
Critique de Blade Runner 2049
Blade Runner 2049 était l’un des films les plus attendus de l’année 2017. Rien d’étonnant à cela, puisqu’il s’agit de la suite d’un film culte, considéré à juste titre comme l’un des fleurons du cinéma de science-fiction : Blade Runner (1982), de Ridley Scott (son dernier grand film, même s’il signa d’autres – rares – réussites, comme Thelma et Louise). On évitera de souligner toutes les qualités de ce classique incontournable des années 80 (basé sur un roman de Philip K. Dick, qui mourut l’année de la sortie du film mais qui avait adoré son scénario), ne serait-ce que par égards envers le triste long métrage dont il est question ici.
Il y avait pourtant des raisons d’être optimiste, en dépit de la lassitude que les préquelles, remakes, séquelles en tout genre peuvent légitimement inspirer aux spectateurs d’aujourd’hui et dont les motivations sont, il faut bien le dire, purement mercantiles dans 99% des cas. C’est principalement le choix de Denis Villeneuve pour la réalisation qui permettait ici de nourrir quelque espoir, ce cinéaste canadien ayant signé de bons voire d’excellents films par le passé (dont Prisoners, Enemy et Sicario).
La première demi-heure du film laisse penser que Blade Runner 2049 pourrait bel et bien échapper au fiasco artistique que la plupart des séquelles à retardement tendent à devenir, avec une régularité décourageante. La photographie de Roger Deakins (fidèle collaborateur des frères Coen) est une réussite (elle s’inspire clairement de celle du premier Blade Runner tout en affirmant une identité propre) ; la 3D est utilisée avec bon goût et sobriété (ce format n’a ici rien d’un gadget ou d’un effet « parc d’attraction », mais donne au contraire une belle ampleur aux images) ; tandis que Denis Villeneuve signe, comme à son habitude, une réalisation inspirée et maîtrisée. Ces qualités esthétiques indéniables habillant un début d’histoire plutôt convaincant, on se laisse d’abord porter par le film sans appréhensions particulières.
Malheureusement, le scénario (pourtant en partie écrit par le co-scénariste du Blade Runner original, à savoir Hampton Fancher) révèle assez rapidement des faiblesses criantes, qui forment autant de trous béants par lesquels le spectateur attentif aura vite fait de sortir du film, comme d’un train engagé sur une mauvaise voie. Les personnages secondaires sont tantôt purement et simplement mal écrits (le bad guy interprété par Jared Leto est un méchant avec des yeux qui font peur : sa caractérisation se limite à cela), tantôt mal développés (le personnage joué par Robin Wright, prometteur, est sous-exploité). L’enquête conduite par K (référence au Château de Kafka ?) est d’une pauvreté rare, tandis que les péripéties du film enchaînent les invraisemblances (à titre d’exemple, la réplicante jouée par Sylvia Hoeks entre et sort du commissariat comme dans un moulin) et les raccourcis avec une aisance déconcertante – on a l’impression que personne n’a relu le script avec un tant soit peu de rigueur.
Les scènes d’action, qui étaient certes rares dans Blade Runner version 82 mais mémorables et inventives, sont ici mal pensées et peu crédibles (quand elles ne sont pas franchement embarrassantes). Ce sont des scènes d’agitation, plutôt, qui viennent tenter de remuer – en vain – l’atmosphère prétendument mélancolique et méditative du film.
Prétendument, car Villeneuve a beau enchaîner les beaux plans crépusculaires (avec une application louable), le film ne fait qu’articuler sensiblement le même propos que l’original, sans égaler son écriture précise et imaginative, sa grande gestion du rythme et sa profondeur émotionnelle. Certes, l’idée de la maternité apporte un éclairage supplémentaire à la réflexion morale, existentielle et philosophique émanant de l’histoire initiale ; certes, les décors et la mise en scène évoquent une solitude qui aurait pu, dans un contexte mieux travaillé, saisir et émouvoir. Mais, du fait des défauts d’écriture déjà évoqués, ce trop long métrage inspire une indifférence prodigieuse au bout d’environ une heure, y compris lors de scènes censées être fondamentales (la rencontre entre K – Ryan Gosling – et Deckard, le flic campé par Harrison Ford dans le premier Blade Runner) que désamorcent impitoyablement une narration approximative et des dialogues transparents.
Un échec sur toute la ligne, excepté au niveau purement esthétique – mais de belles images n’ont jamais fait, à elles seules, un bon film. Le pire survient quand l’un des thèmes composés par Vangelis pour la version de 82 surgit dans ce désert artificiel : c’est que cette musique nous ramène au lointain souvenir du précédent Blade Runner, et l’effet de contraste n’est pas des plus flatteurs pour cet ennuyeux ersatz, qui fait tâche dans la filmographie plus qu’honorable de son talentueux auteur.
Malgré ses atouts visuels indéniables, Blade Runner 2049 est une œuvre étrangement vide et désincarnée. Des critiques indulgents - ou snobs - y voient une forme de cohérence pour un film qui parle des frontières poreuses entre réalité et virtuel, entre être humain et "réplicant", qui pointe à sa manière l'échec d'une civilisation, la peur de "l'autre" et la logique des "classes", et enfin qui illustre les vertiges de la condition humaine. Le problème, c'est que tous ces éléments de réflexion étaient déjà présents dans le film de 1982 (et dans bien des récits de science-fiction antérieurs), mais intégrés alors à une trame solide et rigoureuse, peuplée de personnages hauts en couleurs. On ne croise à l'inverse dans Blade Runner 2049 que des ombres à peine esquissées par un scénario paresseux, sans relief, au fil narratif fragile et tremblant. Or au cinéma, c'est avant tout la qualité du récit qui compte - pas les pseudo références culturelles et philosophiques qu'il contient. Le pire, c'est que le film est auréolé de critiques élogieuses qui risquent bien d'effacer le seul digne enseignement de tout cela : il est grand temps que les scénaristes hollywoodiens inventent de nouvelles histoires (et les racontent bien !) plutôt que de piller leurs classiques. Bien sûr, encore faudrait-il que les producteurs les soutiennent dans cette démarche...
3 commentaires
La première image est l’oeil du Héro qui s’ouvre. Exactement, le même principe que dans Alien Covenant, à ceci près est que David était plus un anti-héro qu’autre chose. Cependant, tous 2 sont des Androïdes.
Dès le début du film nous sentons que Ridley commande le fond du film et qu’il n’a laissé que la forme à Villeneuve.
Pourtant, c’est une réussite sur les 2 tableaux.
En effet, sous des airs de polar SF atmosphérique avec une intrigue tout au plus correct, se cache l’oeuvre d’un Ridley Scott en plein questionnement sur l’humanité. C’est pourquoi sera clairement traité dans l’oeuvre une réflexion sur l’Amour, la Création, l’IA, l’Art et la Religion. En gros…Strictement les mêmes sujets de fond qu’Alien Covenant..La similitude ne s’arrêtant pas la car l’humanité a encore une fois, flingué la planète, et est en majorité obligée de vivre dans des colonies en dehors de la terre.
L’ambiance est celle des mornes plaines, d’un règne des Hommes passé, du monochrome et des natures mortes.
Pour les connections directes avec Covenant, outre ce fameux Oeil, il y a en premier lieu le passage avec des statues de simili-Ingénieurs enfermées dans du verre que l’ont voit au même moment où la secrétaire de Wallace raconte que l’Humanité c’est installée dans des colonies en dehors de la Terre.
Ensuite, la connection avec Ozymandias de PB Shelley quand le héro va chercher Deckard et marche seul dans le désert, avant de se trouver face à face avec une tête de statue à moitié cassé, puis, finir plus loin entre les jambes tronquées par la caméra d’une statue féminine.
Pour le reste les liens ne se font réellement que sur le fond des sujets traités par les 2 films.
Cependant, la quête de Wallace à retrouver l’enfant Replicant, cache grossièrement son désir de ressembler à ses créateurs, en voulant absolument obtenir le secret de la création en copiant le système de reproduction humain. Plus loin que cela, on ressent une détresse énorme des Androïdes dans leur incapacité à trouver l’Amour. Que ça soit celui d’un Père, d’une Mère, d’un Enfant, ou celui du Couple.
Wallace comme David de Covenant est frustré de ne pouvoir ni se reproduire, ni aimer et être aimer. Il se contente simplement de recréer ce qui lui est accessible en tant que Robot évolué, donc créer des machines sans âmes qui ne peuvent au mieux que simuler des émotions. Seul les anciens modèles, donc les Replicants semblent en avoir le secret et ont été mis à mort par les Hommes pour cela.
« Ô vous les puissants, Contemplez mes oeuvres et soyez en affligé » dirait David, et le passage dans le désert n’est pas anodin à ce propos..
On y trouve aussi un puissant message de la création au sens divin, car si Wallace ne peut recréer son créateur, il n’hésite pas à paraphraser la Bible en tentant clairement de se positionner en Dieu tout puissant dominant les Hommes et les Machines. Comme David, il y a un désespoir de ne pouvoir qu’entrevoir ce qu’est que d’être humain et de ne pouvoir créer et procréer.
Si on devait tirer une conclusion du message sur la Création de Blade Runner et de Covenant, il est clair que l’auteur la voit comme l’échappatoire absolu face à la mort.. Qu’elle serve la reproduction de l’espèce, l’élaboration de technologies divers ou d’une oeuvre d’art, elle seule assure l’immortalité face à l’angoisse du néant et permet de projeter une partie de soi au delà de son temps de vie biologique.
On pourrait même y constater le peu de trace de sympathie envers l’Homme que Ridley laisse entrevoir, qui fait comparer une oeuvre d’art à l’Homme. Mais ici et maintenant, l’art est devenu mauvais…
Plus loin, c’est aussi à se demander si R.S. défie Freud qui soutenait que la Libido s’opposait principalement à la pulsion de mort, en lui répondant que ce n’est pas celle-ci qui contrecarre cette angoisse du néant, mais bien l’espoir de pouvoir pro-créer/créer.. Ne plaçant de ce fait la Libido qu’en simple vecteur de la Création. Le scénariste veut subtilement nous montrer que seule la Création nous donne accès à l’immortalité en s’opposant à la pulsion de mort.
Au plus haut degré, la Création est détenu par les Dieux, d’où la volonté de Wallace et David de s’approprier et s’identifier à ceux-ci, car tout comme eux, la technologie a fait d’eux des éternels. Malgré tout, ils ne peuvent donner la vie autrement que par la création technologique et artistique. Il y a un paradoxe net qui se crée chez ces robots car si la Création sert de frein aux pulsions d’anéantissements, eux qui sont éternels (ou presque), n’ont dans l’absolu plus besoin de créer. Et pourtant..On retrouve ici une image du concept de sublimation des instincts qui est depuis fort longtemps considéré comme source de la création artistique chez l’Homme.
Par ce message Scott, s’identifie un peu à ces 2 Droïdes à la folie créatrice sans limites, mais surtout invente une nouvelle mythologie plaçant l’Artiste absolu à l’égal de Dieux et faisant de Dieux un Artiste.
La cité de Blade Runner est Los Angeles et tous les bâtiments sont rectilignes, il y a des symétries et lignes droites partout, aucune folie n’est présente dans ce New Angeles de 2049. Tout cela est clairement à l’image d’un système de pensée masculine où la rectitude règne en maître. Seul quelques hologrammes de femmes, au mieux, et des prostitués, au pire, sont présents anecdotiquement pour garder une trace de cette féminité manquante à l’équilibre de l’humanité.
Nous retrouverons seulement les traces de cette fusion du masculin et du féminin dans l’architecture et les décors, au début du film, dans la maison du Replicant et à la fin chez Deckard avec nombre d’objets d’art présents à l’écran. Seulement on sent bien que ces endroits appartiennent au passé. Il y a comme dans Covenant un côté nihiliste très prononcé. L’Homme a détruit sa planète et son âme, et son salut semble ne pouvoir résider que dans l’anomalie d’une technologie qui peut-être les remplacera (les Replicants). Pourtant celui ci ne tient pas à se faire remplacer et comme les Ingénieurs, ils chercheront donc à détruire leur création trop similaire et humainement/technologiquement supérieure au modèle d’origine. Affront du fils envers le père. C’est un peu l’histoire d’un Oedipe avorté où la mère n’est plus de la partie.
Au sujet de la référence à Ozymandias quand le Héro arrive dans le désert, nous voyons en premier lieu une statue de femme géante sur fond de pyramide et temple égyptien avec des statues de leurs divinités. Puis, quand le héro avance dans cette sorte de reprise visuel du sonnet de Shelley faite de statues de femmes géantes au corps nues et poses difformes pour finir face à des ruches d’abeilles, nous nous devons de nous poser la question du pourquoi.
Pour ma part, je pense que c’est très clair, comme dans Covenant, Mister Scott se sert de ce poème pour pointer du doigt les courants dictatoriaux majeurs de la civilisation moderne. Si dans Alien c’était la religion et plus particulièrement le Judaïsme qui en prenait dans les dents, dans BD 2049 c’est bel et bien le côté obscur du féminisme qui est pointé du doigt.
En effet, les statues des femmes à l’image de leurs homologues égyptiennes nous renseigne sur le fait que la civilisation antérieur avait divinisé la Femme ou du moins son apparat.
Rappel : Ozymandias PB Shelley
J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique
Qui m’a dit : « Deux immenses jambes de pierre dépourvues de buste
Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,
À moitié enfoui, gît un visage brisé dont le sourcil froncé,
La lèvre plissée et le sourire de froide autorité
Disent que son sculpteur sut lire les passions
Qui, gravées sur ces objets sans vie, survivent encore
À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit.
Et sur le piédestal il y a ces mots :
« Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois.
Voyez mon œuvre, vous puissants, et désespérez ! »
À côté, rien ne demeure. Autour des ruines
De cette colossale épave, infinis et nus,
Les sables monotones et solitaires s’étendent au loin. »
Ici les visages sont inexpressifs au possible, seul le corps de ces statues de femmes semblent vivant de part le jeu des positions de nu alambiqué. Cette société passé vénérait donc, non pas la femme, en tant qu’âme mais bien son apparat uniquement. L’allégorie de la ruche, système matriarcale par excellence, confirme le « diagnostique » sur le fait que Ridley veut nous dire que la société précédente est tombée car elle remplaça Dieu par le côté purement utilitaire de la femme du point de vue de la sexualité. C’est un peu le pique de l’auteur vis à vis des dérives du côté obscur du féminisme qui ronge notre société dite moderne..Un féminisme hyper sexué encore trop dépendant du regard de l’homme..(cf les talons aiguilles, symbôle de la toute puissance de la femme..dépendante du pénis)
On peut finalement constater que cette ancienne L.A. « Cité des Anges » était soumise à des divinités castratrices. Ce qui a engendré par effet rebond une société hyper-masculine qui a fini par marginaliser tout ce qui touche à la féminité sans trier le bon grain de l’ivraie. Nous le remarquons tant dans la mise en avant des prostitués que des hologrammes de Joy. D’ailleurs le dernier hologramme qui parle au héro prête à Joy les yeux d’un démon et le tente par ses artifices après qu’il se soit libéré de son 1er modèle et surtout libéré de lui-même…
Malgré cette critique acerbe de la dérive féministe, le message n’est pas négatif bien au contraire. Le scénariste tient juste à remettre la hutte à sacrifice au centre du village.
Et c’est grâce au miracle de l’Amour que la féminité réelle sera retrouver, celle-la même qui fît naitre la fille de Deckard obligée de vivre dans une prison dorée, isolée de ce monde désenchanté. Soi-disante malade, on comprend facilement qu’à elle seule, elle est porteuse de tout ce qui reste de la vraie féminité nécessaire à la fusion du principe masculin et féminin qui sera nécessaire au salut de cette humanité « augmentée ou non ». Mais l’air de son temps ne peut tolérer cette féminité et elle est donc obligée d’en être séparée pour le moment.
Concernant sa naissance miraculeuse, n’aviez-vous pas fait le lien avec Jésus? Marie ne devait et ne pouvait pas être enceinte..Et pourtant..Nous ne voyons plus les étoiles et la Lune dans Blade Runner, le ciel semble avoir abandonné les Hommes qui eux mêmes l’ont abandonné pour des fausses divinités. Wallace en arrive même à s’autoproclamer en tant que tel, pourtant aveugle et ne devant sa vision qu’à la technologie des Hommes dont il est aussi issu.
Il y a une conséquence lourde pour l’humanité à avoir voulu s’approprier le pouvoir divin de la création sexué. L’usage strictement utilitaire du corps des femmes qui sera suivi par l’appropriation de la création divine par la technologie a fini par faire fuir toute trace du divin. Le prix a payé en est la perte d’âme de l’humanité comme le montre Villeneuve par bien des aspects.
Heureusement, le sauvetage de cette humanité en détresse est annoncé au début du film quand le Héro fait face à l’arbre mort « de la connaissance ». Il trouvera une fleur colorée pourtant sans racines, symbole de vie hors contexte naturel standard, qui volontairement choque dans ce paysage de nature morte. Celle-ci le guidera vers les (et ses) racines mortes où il découvrira l’indice qui l’emmènera au cheval et aux os de cette Marie 2.0. Le côté sacré du squelette est mis en évidence par le fait que ses os ont été lavé comme ont le fait avec ceux des Saints et à l’image d’une relique religieuse.
Que les féministes se rassurent donc, ça fini bien pour la Femme car le concept de la femme réelle et de la féminité authentique est sauvé par un Jésus.. au féminin!
Ridley Scott fait encore et toujours très fort avec son usage de la symbolique où il arrive en mêlant images, mots et musique à raconter plusieurs histoires en même temps. Avec ce film, il transpose une partie de la Bible dans un futur proche et crée comme dans Covenant une nouvelle mythologie.
Pour le Héro, il sera principalement présent pour soulever la problématique de l’amour et de l’IA. Ainsi il connaitra les problèmes de l’amour avec un hologramme, qui n’est principalement que le reflet de sa volonté et de son anima. Et nous comprendrons plus tard qu’il ne connaitra que le vrai amour avec une autre Replicant ou Humaine (le doute est volontairement laissé) quand il perdra son amour virtuel et se délaissera des illusions de la volonté et de l’ego.
On retrouve, à ce sujet, le côté égoïste et surtout nihiliste sur l’existence humaine qui nous dit que l’autre n’existe pas, que ce n’est qu’illusion et support à nos besoins primaires. Ainsi, son histoire d’amour avec son IA holographique est basé entièrement la-dessus, elle n’est que projection de ses désirs..La société encourageant cela en faisant de ce travers un business..
Plus encore, c’est son désir de trouver une famille, un Père, une Mère qui le fera persévérer outre la raison dans sa quête.
Et enfin, la question sur la conscience, l’âme via les souvenirs, qui sommes nous, qu’est-ce qui fait de nous ce que nous sommes, l’authenticité… Ici, un souvenir implanté active l’affect du héro, pourtant ça n’est pas le sien, mais ce souvenir est réel, et donc sa réalité apporte l’authenticité de l’existence propre à l’être humain dans son esprit de robot. L’auteur semble soutenir que les souvenirs réels font notre personnalité futur contrairement à des souvenirs programmés. la conscience est pour R. Scott lié à la qualité des souvenirs et la capacité à les intégrer.
Sieur Scott pousse ici le débat sur l’IA vers une direction de la conscience lié à l’affect et la création.
Le cheval étant le véhicule de par sa symbolique qui le fera passé de « l’autre côté » et se trouver lui-même en trouvant la fille de Deckard.
Pour la surface du film, rien à dire si vous acceptez le rythme lent et atmosphérique. La musique et les images sont d’une qualité exceptionnelle et la cohérence de l’intrigue est à la hauteur d’un bon polar SF. De plus, c »est aussi une excellente suite de Blade Runner premier du nom.
Maintenant, comme ce film est lié sur le fond à Alien Covenant, je dirai que ces films sont indissociables pour en comprendre toute l’essence. Car si sur la forme, il faudrait logiquement regarder les 2 Blade Runner à la suite, il faudra surtout sur le fond se plonger dans Covenant et ce film pour cerner l’immensité de l’oeuvre de Ridley Scott. Villeneuve n’est que le messager de quelque chose de plus grand et je vous invite à lire mon analyse de Covenant afin d’y voir plus clair.
Dans tous les cas, nous avons affaire ici à un chef d’oeuvre dystopique de très haut-niveau, à ne surtout pas manquer tellement cela se fait rare..
Merci pour votre commentaire, bien rédigé mais qui gagnerait, si je puis me permettre, à être plus succinct (la concision, c’est essentiel !).
C’est intéressant car votre argumentation, et n’y voyez évidemment aucune attaque personnelle, véhicule une approche du cinéma et plus généralement de l’art que je rejette ou du moins qui ne m’intéresse absolument pas.
Je m’explique : il est très facile de glisser, dans un récit, des références culturelles, religieuses, philosophiques – qui, entre nous, sont autant de poncifs déclinés dans les récits de science-fiction depuis près d’un siècle – destinées à donner l’illusion qu’un message profond (encore une fois, emprunté ici et là et déjà développé, entre autres, dans le premier « Blade Runner ») se cache derrière tout ça, à destination des initiés bien sûr…
C’est en revanche beaucoup, mais beaucoup plus difficile, d’écrire une bonne histoire, un scénario bien construit, des dialogues intelligents, des personnages consistants. C’est en effet (à mon avis) la qualité du récit qui compte avant tout (et bien sûr, au cinéma, l’aspect visuel, mais qui est au service du récit). Une bonne histoire, bien construite, nous saisit et, éventuellement, nous donne envie de s’intéresser à un possible sous-texte, qui peut d’ailleurs être très simple et limpide (voire inexistant). Je ne connais aucun bon film, aucun bon roman qui échappe à ce principe.
Pour prendre l’exemple qui nous intéresse, je n’aime pas le « Blade Runner » de 82 pour son propos existentiel et sa réflexion sur l’intelligence artificielle et la condition humaine. Je l’aime parce que le moindre personnage est soigné, crédible, que l’intrigue est solide, structurée avec une grande rigueur, que les comédiens sont bons, et que les scènes d’action sont excellentes. Ensuite, évidemment, son propos lui donne une dimension supplémentaire, mais c’est la manière dont il est illustré qui est intéressante (le propos en lui-même, c’est celui de plein de romans antérieurs).
Les 20 dernières années de la carrière de Scott sont un naufrage, car il ne sait pas raconter une histoire, c’est aussi simple que cela. Regardez « Seven Sisters ». Il y a des scènes d’action un peu lourdingues, un propos assez convenu, des ficelles un peu grosses. Mais c’est bien joué, bien raconté. C’est un bon divertissement. « Blade Runner 2049 » revendique un statut d’œuvre d’art qu’il n’est pas, et côté divertissement, on repassera…
Comment peut on dire que les references culturelles et artistiques sont inutiles alors qu’elles renforcent et assistent le scenario de par, a minima des secondes lectures. Ca n’est pas des elements ajoutes dans le paysage pour faire joli…Puis c’est Villeneuve qui a fait le film, Scott n’y est present qu’en toile de fond. Pour le scenario et la realisation c’est du top niveau, et le film est justement peu divertissant. Aussi Scott, a fait de tres bons films post 2000 : Black Hawk Dawn, Cartel, Prometheus, Covenant, Exodus, un audacieux Robin des bois raconte differemment, Kingdom of Heaven.. et nombreux que j ai du oublier…