Film de Nimród Antal
Titre original : Vacancy
Année de sortie : 2007
Pays : États-Unis
Scénario : Mark L. Smith
Photographie : Andrzej Sekuła
Montage : Armen Minasian
Musique : Paul Haslinger
Avec : Kate Beckinsale, Luke Wilson, Franck Whaley
Avec Motel, le réalisateur d’origine hongroise Nimród Antal réussit un film d’angoisse maîtrisé, qui privilégie la tension et le suspense à la violence gratuite.
Synopsis de Motel
David et Amy, un couple en crise suite à la mort accidentelle de leur enfant, tombent en panne de voiture dans un endroit isolé. Contraints de passer la nuit dans un motel, ils découvrent d’étranges cassettes vidéo dans leur chambre…
Critique du film
Motel : un film d’horreur bien écrit et bien filmé
Dès les premières minutes du film, Motel se distingue par une qualité de réalisation qu’on est loin d’observer dans la majorité des films d’horreur (même si on peut citer notamment les très bons Severance, The Descent et Black Sheep parmi les récentes réussites du genre). Lors des scènes dans la voiture qui ouvrent le film, Nimród Antal se sert notamment des rétroviseurs pour composer des plans ingénieux qui d’entrée illustrent la relation tendue entre les deux protagonistes et les difficultés qu’ils traversent. Une mise en scène élaborée qui ne fait défaut à aucune séquence, au service d’un scénario simple mais intelligent et efficace, qui a le mérite d’éviter le piège de la violence gratuite pour mieux distiller l’angoisse.
En effet, Motel prend à contrepied toute la vague de films d’horreur ultra-violents qui sont sortis ces dernières années – parmi lesquels des réussites (Borderland) et des navets sans intérêt (Hostel) – en ne dérapant jamais dans le gore ou le sordide et cela, alors que l’histoire l’aurait aisément justifié.
Si Motel remplit remarquablement bien son objectif – faire trembler le spectateur – c’est grâce à l’application d’une recette bien connue mais toujours efficace : une mise en scène soignée et parfois inspirée, et des personnages envers lesquels on éprouve suffisamment de sympathie et de compassion pour n’avoir aucune envie de les voir se faire massacrer à l’écran. Sur ce dernier point, l’interprétation des deux acteurs principaux y est pour beaucoup : Kate Beckinsale et Luke Wilson composent un couple crédible, attachant, avec beaucoup de justesse et sans jamais surjouer.
Sans atteindre des sommets - ce qui n'était de toutes façons pas son but -, Motel est un film qui se regarde avec plaisir et un effroi jubilatoire. On attend de voir la prochaine réalisation de Nimród Antal, Armored, qui mettra en scène Matt Dillon (Rusty James) et Jean Reno, pour voir si le réalisateur saura conserver son style et sa rigueur dans le cadre d'une production plus importante.
Un commentaire
Belle illustration d’une expression galvaudée : « thriller hitchcockien ». Un bonus propose le montage des « snuff movies » dont se repaît le tenancier – retour du hors-champ en pleine lumière de morgue ou d’abattoir.
Vivement conseillé : « Kontroll », premier film d’Antal mais aussi énergique comédie noire.