Histoire d’un regard, le documentaire de Mariana Otero consacré au photoreporter Gilles Caron, sort en DVD le 8 septembre prochain.
Histoire d’un regard en quelques mots
Sortie au début de l’année 2020 au cinéma, Histoire d’un regard est le récit filmé d’une recherche, celle que la réalisatrice Mariana Otero a décidé d’entreprendre sur Gilles Caron, en se basant sur plusieurs milliers de clichés pris par le photoreporter français.
Le parti pris bien particulier du documentaire est d’analyser les images liées à différents événements couverts par Caron (mai 68 ; la guerre des Six Jours ; la guerre du Biafra ; les manifestations de 1969 en Irlande…) dans un ordre chronologique, afin de tenter de comprendre sa démarche, sa technique, et la manière dont il regardait (d’où le titre) le monde et les gens autour de lui.
Si l’une des photos les plus célèbres prises par Caron est celle de Daniel Cohn-Bendit lançant un regard narquois à un CRS pendant les événements de 68, elle ne représente bien entendu qu’une infime partie d’un travail que Histoire d’un regard explore de manière passionnante, personnelle (la réalisatrice est omniprésente dans le film) et parfois émouvante.
C’est aussi un film qui nous rappelle qu’une bonne photographie peut inspirer de multiples réflexions et sentiments, liés à l’éthique, à l’histoire, à l’esthétique mais aussi à l’intimité.
Lire la critique d’Histoire d’un regard
Les bonus du DVD
Le premier bonus du DVD est un entretien avec la réalisatrice, qui explique la genèse du projet et son lien avec sa vie personnelle. Elle révèle beaucoup de choses intéressantes sur son rapport à l’image (pour moi la vie, c’est des images), sur la construction du film autour de deux axes (l’histoire de Caron ; sa recherche à elle par rapport à cette histoire), et sur les liens souvent étroits, ambigus, entre documentaire et fiction. Il y a par exemple, dans Histoire d’un regard, un vrai travail sur le décor (en particulier celui de l’atelier dans lequel se déroulent de nombreuses scènes) similaire à celui propre à une œuvre de fiction.
Otero évoque ensuite longuement l’un des moments forts du film, à savoir la scène où l’historien Vincent Lemire découvre, en direct, les photos prises par Caron de la prise de Jérusalem, au terme de la guerre des six jours ; photos qu’à l’aide de ses connaissances bien spécifiques sur le sujet, Lemire commente de manière aussi passionnée que passionnante.

L’entretien avec Michel Poivert, historien de la photographie et commissaire d’exposition, est très instructif dans la mesure où Poivert resitue le parcours de Caron dans l’histoire du photoreportage, tout en analysant sa technique (tout à fait remarquable), son sens de la composition et son style.

L’entretien avec le photographe Édouard Elias complète l’analyse de Poivert et permet par ailleurs de mesurer l’influence, en tout cas l’intérêt que Caron suscite chez les jeunes photographes (Elias a 29 ans ; il a réalisé notamment des photoreportages sur les réfugiés syriens en Turquie et en Syrie).
Les bonus éclairent donc non seulement sur la démarche de Mariana Otero, mais également sur l’importance et la singularité de Gilles Caron dans l’histoire de la photographie de guerre. Complémentaires d’un documentaire déjà très intéressant, ils justifient d’autant plus l’acquisition du DVD, édité par Diaphana Distribution.
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