Film de Jemaine Clement et Taika Waititi
Année de sortie : 2014
Pays : Nouvelle-Zélande
Scénario : Jemaine Clement et Taika Waititi
Photographie : Richard Bluck, D.J. Stipsen
Montage : Jonathan Woodford-Robinson, Yana Gorskaya, Tom Eagles
Musique : Plan 9
Avec : Taika Waititi, Jemaine Clement, Jonathan Brugh, Ben Fransham, Rhys Darby, Cori Gonzalez-Macuer, Stu Rutherford
Deacon: You can’t go to the Ball as Blade. He’s a Vampire Hunter.
Deacon (Jonathan Brugh) et Viago (Taika Waititi) dans « What We Do in the Shadows »
Viago: Yeah, but Vampires love Wesley Snipes.
What We Do in the Shadows est un mockumentary (faux documentaire) qui tourne joyeusement en dérision la figure du vampire.
Synopsis du film
Des documentaristes équipés de caméras filment le quotidien de quatre vampires partageant un appartement à Wellington (Nouvelle-Zélande) : Viago (Taika Waititi), Vladislav (Jemaine Clement), Deacon (Jonathan Brugh) et Petyr (Ben Fransham). Des colocataires qui cumulent les chamailleries puériles, les crises d’égo et les soirées hasardeuses…
Critique de What We Do in the Shadows
If you were a nazi, after the war, and if you were a vampire… and if you were a nazi vampire… No way.
Deacon (Jonathan Bruth) dans « What We Do in the Shadows »
La figure du vampire, popularisée dans la littérature en 1897 par le fameux Dracula de Bram Stoker (qui n’est pas, soulignons-le, le premier ouvrage mettant en scène cette créature), a été utilisée dans de très nombreux films (la Cinémathèque française lui a d’ailleurs consacré une exposition à l’automne 2019). Elle est souvent associée à une forme de romantisme et traitée, de fait, sous un angle plutôt sombre et horrifique, même si les parodies et approches comiques ne manquent pas ; on citera à titre d’exemple Le Bal des vampires, de Roman Polanski (auquel le film qui nous intéresse ici fait d’ailleurs référence au détour d’un plan), ou encore Vampire vous avez dit vampire ? de Tom Holland.

La démarche de Jemaine Clement et Taika Waititi se démarque des précédentes tentatives de parodie, en ce sens qu’ils ont, avec What We Do in the Shadows, procédé à une démythification particulièrement radicale du vampire. Le film, qui prend la forme d’un mockumentary (œuvre de fiction empruntant les codes du documentaire ou du reportage), nous montre en effet des vampires présentant des défauts somme toute très humains : ils sont idiots ; piètres musiciens (malgré des siècles d’expérience !) ; maladroits ; susceptibles ; fiers ; bagarreurs…
Les scènes illustrent toutes, les unes après les autres, les facettes grotesques ou pathétiques des différents protagonistes. Si l’on excepte leurs dents pointues et leur nombreuses décennies au compteur, ils ne sont ni plus ni moins qu’une bande de losers passablement abrutis, et le décalage entre la perception qu’ils ont d’eux-mêmes, entre l’image canonique du vampire et la réalité de ce qu’ils sont constitue le principal ressort comique du film.

Ressort efficace que les réalisateurs et scénaristes exploitent bien, grâce à une caractérisation amusante de chaque personnage – dont l’un fait référence à l’empaleur
Vlad III, inspirateur de Dracula (c’est d’ailleurs Jemaine Clement qui l’incarne, Taika Waititi jouant le rôle du vampire dandy prénommé Viago) – et à des trouvailles comiques qui font mouche.

Si ce projet est parti d’un court métrage réalisé par les deux compères en 2005, Jemaine Clement et Taika Waititi sont parvenus ici à trouver suffisamment d’idées pour que le film tienne sur la longueur. D’ailleurs, What We Do in the Shadows est devenu une franchise, constituée de deux séries TV et de plusieurs courts métrages. Un nouveau long métrage pour le cinéma, We’re Wolves (autour de la figure du loup-garou, que l’on croise dans le film), est dans les cartons.
What We Do in the Shadows prend à rebours les conventions du film de vampires avec un entrain communicatif. Le résultat est certes modeste, mais il n'a pas la prétention d'être davantage qu'un divertissement agréable et drôle. On appréciera, au cours d'une scène de gala réunissant vampires, sorcières et zombies, un possible clin d'oeil au célèbre Bal des vampires : le plan où le personnage de Stu – joué par Stuart Rutherford – est la seule personne, en tant qu'être humain, à être reflétée dans la glace, renvoie à un plan similaire dans le film de Polanski.
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