Les génériques en disent parfois beaucoup sur le film qu’ils introduisent. C’est le cas de celui de Wendigo (lire la critique du film), de Larry Fessenden, un film fantastique américain avec Erik Per Sullivan, Patricia Clarkson et Jake Weber.
Tandis que les crédits du générique s’inscrivent sur fond noir, la caméra filme deux personnages miniatures – vraisemblablement des jouets, à en juger par leur design un peu grossier. Chacun leur tour, ils passent dans le champ puis sortent du cadre, exécutant une sorte de parade. L’un représente une créature mi-homme mi-animal, qui porte un pantalon et une chemise à carreaux ; il pourrait être un loup-garou, ou quelque chose d’approchant. L’autre est un robot, ou un homme équipé d’une armure futuriste et sophistiquée. Soudain, les deux personnages sont propulsés l’un contre l’autre ; nous nous trouvons désormais à l’intérieur d’une voiture, dans laquelle un petit garçon (Erik Per Sullivan) s’amuse à mettre en scène un combat entre ses deux jouets. Puis la caméra recule et cadre ses parents, assis à l’avant du véhicule ; c’est son père qui conduit, pendant que la mère consulte une carte de la région. Ils empruntent une route au milieu d’une forêt enneigée – visiblement, ils ne sont pas très sûrs de leur chemin.
Ces premières images nous donnent plusieurs indices à propos de l’histoire du film.
Premièrement, avant que la caméra filme l’intérieur de la voiture, le point de vue adopté est celui du petit garçon ; nous sommes littéralement dans son monde, à l’intérieur de la scène qu’il imagine, avant d’être brusquement ramenés à la réalité. Or, Wendigo raconte l’initiation d’un enfant qui découvre une nouvelle dimension (des aspects jusque-là inconnus) du monde qui l’entoure. Ses parents, chacun à leur manière, tenteront de l’accompagner dans cette découverte vertigineuse, sans pour autant prendre réellement la mesure de la situation. La mère (Patricia Clarkson) se distinguera par une approche rationnelle, psychologique (elle exerce, précisément, le métier de psychanalyste), tandis que le père (Jake Weber) témoignera d’une approche plus instinctive, plus émotionnelle. On retrouve exactement le même schéma dans cette séquence : alors qu’elle tente de trouver leur chemin sur une carte, il prétend, sans en avoir la preuve, être sur la bonne route.
Deuxièmement, le jeu de l’enfant consiste à mimer une bataille entre deux personnages opposés ; l’un évoque un univers animal, ancien, l’autre quelque chose de moderne, de technologique. Ce n’est pas un hasard : cette lutte entre deux forces différentes, deux énergies antagonistes prendra, plus tard dans le film, différentes formes, mais cette fois au sein du monde réel.
La première d’entre elle survient d’ailleurs dès la fin de cette scène, où la voiture renverse un cerf qui traversait la route…
Un commentaire
Je n’ai pas vu ce film. Mais bon sang, qu’est-ce que cette scène donne envie de le voir !
Le procédé introductif est ultra puissant, et tellement simple. Il suffisait d’y penser !