Film de Ant Timpson
Année de sortie : 2019
Pays : États-Unis
Scénario : Toby Harvard
Photographie : Daniel Katz
Montage : Dan Kircher
Musique : Karl Steven
Avec : Elijah Wood, Stephen McHattie, Michael Smiley, Madeleine Sami, Martin Donovan
Dans Come to Daddy, Ant Timpson utilise les codes de la comédie (très) noire pour parler, avec une sincérité palpable, du rapport au père.
Synopsis du film
Norval Greenwood (Elijah Wood), un musicien qui habite avec sa mère, rend visite à son père, qu’il n’a pas vu depuis l’âge de cinq ans. Brian (Stephen McHattie), le père en question, vit dans une maison côtière dans l’Oregon.
Peu à peu, le comportement de Brian intrigue Norval…
Critique de Come to Daddy
C’est un drame personnel – le décès de son père – qui a poussé Ant Timpson, producteur de plusieurs films dont l’anthologie horrifique plutôt réussie The ABCs of Death (2012), à signer son premier film comme réalisateur. Il a livré un point de départ (autour de l’idée d’un fils qui ne connaît pratiquement rien de la vie de son père) à Toby Harvard (avec lequel il avait collaboré sur The Greasy Strangler), lequel a ensuite écrit un scénario haut en couleur, qui prend volontiers à contrepied les attentes du spectateur, sans jamais perdre de vue le moteur du récit, sa principale raison d’être.
Commençant par des retrouvailles pour le moins dissonnantes entre un jeune paumé en quête de reconnaissance (Elijah Wood, qui a pris de beaux risques capillaires pour ce rôle) et un personnage de père particulièrement louche (l’inquiétant Stephen McHattie, qui a joué dans l’un des meilleurs films d’horreur du 20ème siècle, à savoir Pontypool), Come to Daddy prend un virage surprenant où humour noir et violence se mêlent d’une façon qui évoque un peu le cinéma des frères Coen dans sa forme la plus radicale (Blood Simple, par exemple). Pour autant, le film parvient à affirmer sa propre personnalité, porté, notamment, par la sincérité évidente de son réalisateur.
![Elijah Wood, Stephen McHattie dans "Come to Daddy"](https://www.citizenpoulpe.com/wp-content/uploads/2024/05/elijah-wood-stephen-mchattie.jpg)
Entendons-nous bien : si Timpson est partie d’un sentiment authentique, Come to Daddy est une pure oeuvre de fiction dont le caractère violent, rocambolesque et parfois chaotique (Norval y traverse des épreuves morales et physiques tout à fait considérables) est en quelque sorte une métaphore de ce sentiment initial. C’est pour cela que le film fait mouche : il ne met pas en scène de la violence gratuite, mais une violence symbolique, sorte d’expression volontairement extrême et exacerbée des émotions parfois douloureuses, contradictoires, dérangeantes liées au rapport filial, en particulier quand sonne l’heure du deuil.
![Stephen McHattie dans "Come to Daddy"](https://www.citizenpoulpe.com/wp-content/uploads/2024/05/stephen-mchattie-1024x425.jpg)
Le choix bienvenu du très beau morceau Avril 14th, pièce au piano particulièrement mélancolique composée par Aphex Twin, pour accompagner l’une des dernières scènes du film est révélateur : l’humour grinçant et l’hémoglobine de Come to Daddy cache une sensibilité réelle, un sujet grave et universel que Timpson et Toby Harvard ont traité intelligement, en accordant un soin tout particulier à la caractérisation des personnages (la plupart d’entre eux, même les plus furtifs, ont quelque chose de particulier, d’intéressant, de mystérieux, de touchant ou de drôle selon les cas).
Les comédiens, et en particulier le quatuor formé par Elijah Wood, Stephen McHattie, Martin Donovan et Michael Smiley (vu dans la remarquable série britannique Utopia et dans le traumatisant Kill List), sans doute inspirés par une partition bien écrite, se montrent tous convaincants, contribuant à faire de Come to Daddy un film assez touchant et d’une honnêteté totale.
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Peuplé de personnages bien croqués et rythmé par des péripéties brutales et surprenantes, Come to Daddy explore de façon volontairement comique et outrancière la relation à la figure du père. S'il amuse souvent (attention : le film est parfois très violent), on y décèle une émotion en sourdine, à laquelle le thème au piano Avril 14th fait joliment écho.
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