Film de Brian Koppelman et David Levien
Année de sortie : 2009
Pays : États-Unis
Scénario : Brian Koppelman
Photographie : Alwin H. Küchler
Montage : Tricia Cooke
Musique : Michael Penn
Avec : Michael Douglas, Jenna Fischer, Jesse Eisenberg, Mary-Louise Parker, Imogen Poots, Susan Sarandon, Danny DeVito
Maureen: [….] Cheston and I reach each other. He’s tender and sweet and smart and funny and a million things that you aren’t.
Ben Kalmen: I was once, honey. It doesn’t last.
Sans surprises, le classique et conventionnel Solitary Man est suffisamment bien écrit et bien joué pour convaincre. D’autant que Michael Douglas y livre une belle performance.
Synopsis du film
Ben Kalmen (Michael Douglas) est un riche et séduisant homme d’affaires, qui multiplie les conquêtes féminines. Mais entre un scandale financier qui le poursuit et une frénésie sexuelle qui tourne à vide, il se retrouve peu à peu dans une impasse, aussi bien sur le plan professionnel que personnel…
Critique de Solitary Man
Nancy: Well, I don’t change things when they’re still working. That’s your move.
La crise de la cinquantaine, chez l’homme ou la femme, est un sujet intemporel, qui inspire bien des cinéastes et scénaristes. Le personnage de Ben Kalmen est une variation autour de ce thème, variation qui mêle différents aspects : la réussite sociale et ses conséquences, notamment quand le vent tourne (un sujet très américain) ; la peur de vieillir (et de mourir) ; la frénésie sexuelle comme réponse (plus ou moins illusoire) à cette peur.
Le titre du long métrage (qui fait référence à la chanson éponyme de Neil Diamond, dont on entend la version de Johnny Cash pendant le générique de début) résume bien l’approche du film : dans sa réussite comme dans sa chute, et face à l’épreuve du temps, Kalmen se sent terriblement seul, ce qui correspond d’ailleurs davantage à un ressenti qu’à une réalité (son vieil ami Jimmy, son ex-femme Nancy et sa fille Susan sont largement derrière lui). Ce sentiment omniprésent et anxiogène le plonge dans une perpétuelle fuite en avant (se manifestant en particulier par une vie sexuelle débridée), qui finit par compromettre toute relation constructive et, tout simplement, son propre bien-être.
Partant de ce profil de personnage, le scénario de Brian Koppelman épouse un schéma très classique, montrant d’abord le quotidien d’un protagoniste jouisseur, bonimenteur et passablement égoïste (bien que charmeur et attachant au demeurant), puis la manière dont son comportement le pousse dans une voie sans issue, laquelle finira par provoquer une (tardive) prise de conscience. Tout ceci reflète une morale très conventionnelle pour ne pas dire simpliste, mais on aurait tort pour autant de s’arrêter à ce constat sévère : le cinéma ne doit pas forcément être subversif, dérangeant ou même novateur pour convaincre (il n’est d’ailleurs pas rare que ceux qui partent systématiquement du postulat contraire livrent des œuvres vaines et sans intérêt).
On peut en effet prendre un certain plaisir à suivre un chemin étroitement balisé – celui qu’emprunte sagement Solitary Man – en appréciant, à défaut d’idées audacieuses et subtiles, un savoir-faire et une honnêteté indiscutables. Or ces deux qualités sont bien là en ce qui concerne le film de Brian Koppelman et David Levien. L’écriture, déjà, est précise et élégante : les personnages, même les plus secondaires, sont finement caractérisés ; les dialogues sont bien écrits ; et le développement est limpide et équilibré, sans faute de goûts, tâtonnements ou perte de rythme. De son côté la réalisation se met intelligemment au service du texte et des comédiens, comédiens que la photographie d’Alwin H. Küchler met d’ailleurs parfaitement en valeur (tout comme elle souligne les teintes automnales du film, qui conviennent si bien à son propos : c’est l’automne de ma vie
, chantait un certain, et c’est un peu ce que ressent le protagoniste de Solitary Man). Enfin et c’est l’un des principaux points forts du film, le casting est un sans fautes.
Michael Douglas, pressenti dès la phase d’écriture pour le rôle de Kalmen, est remarquable. Il fait partie de ces comédiens qui vieillissent bien et dont le plaisir à jouer est visiblement intact. Il y a une maturité, une justesse dans sa gestuelle, ses expressions et ses intonations, qui lui permettent de jouer sa partition avec une large palette de nuances. Le personnage, classique sur le papier, prend de l’épaisseur grâce à la manière – émouvante mais jamais larmoyante ou caricaturale – avec laquelle Douglas l’incarne.
Si le célèbre comédien est de toutes les scènes, il lui fallait des partenaires à la hauteur pour instiller la dynamique nécessaire aux différentes séquences du film. Or, de la belle et élégante Susan Sarandon (Atlantic City) à un émouvant et authentique Danny DeVito, d’un Jesse Eisenberg parfait en étudiant un peu lunaire à une Imogen Poots très à l’aise en garce peu scrupuleuse (sans oublier Jenny Fischer en fille compatissante et aussi Mary-Louise Parker dans le rôle de la maîtresse de Kalmen), tous contribuent largement à faire vivre les personnages et l’histoire imaginés par Koppelman.
Solitary Man conjugue des qualités techniques et artistiques qui font que son discours, sur le fond très convenu, s'articule de manière élégante - d'autant que la durée relativement courte (1h30 tout juste) permet d'éviter les redondances. Le film doit beaucoup au talent des comédiens et notamment à celui de Michael Douglas, qui incarne son personnage avec un bel alliage de sobriété et de sensibilité.
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