Django, un biopic d’Étienne Comar consacré au légendaire musicien de jazz manouche, fera l’ouverture de l’édition 2017 du Festival international du film de Berlin.
À propos d’Étienne Comar
Django est le tout premier long métrage d’Étienne Comar en tant que metteur en scène. En effet, c’est comme producteur et comme scénariste que Comar s’est jusqu’à présent illustré dans sa carrière, et d’une manière qui lui valut d’ailleurs souvent les louanges de la critique.
C’est lui, notamment, qui signa le scénario du célèbre film Des hommes et des dieux, récompensé du Grand Prix du Festival de Cannes 2010 ; mais il a travaillé sur beaucoup d’autres longs métrages, tantôt comme producteur ou producteur associé (La Clef, de Guillaume Nicloux ; Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako), tantôt comme co-scénariste (Mon Roi, de Maïwenn).
Django Reinhardt, une légende de la musique
Pour sa première réalisation, Étienne Comar s’attaque à un mythe en France et dans le monde, à savoir Django Reinhardt. Le guitariste virtuose franco-belge (1910-1953) fut l’un des principaux initiateurs du jazz manouche – un mélange de musique gitane, de jazz et de musette. Ses innovations stylistiques, sa grande technique mais aussi sa sensibilité et son sens mélodique remarquable ont fait de Django l’un des musiciens les plus influents du 20ème siècle. Son aura dépasse largement l’univers du jazz, puisque Jeff Beck, Jerry Garcia, George Harrison, Les Paul, Tony Iommi, Mark Knopfler (qui a repris son morceau Tears sur l’album Neck and Neck, en duo avec Chet Atkins) et bien d’autres l’ont cité parmi leurs influences.
Sa composition la plus célèbre est peut-être le mélancolique Nuages, mais on peut également citer les titres Minor Swing, Tears, ou encore sa version du chant traditionnel russe Les Yeux noirs. À noter qu’un festival lui est dédié chaque année à Samois-sur-Seine, où il vécut à la fin de sa vie et où il mourut, en 1953, d’une hémorragie cérébrale.
Bien que plusieurs longs métrages ont utilisé sa musique, Django Reinhardt n’a jamais fait l’objet d’un film auparavant. Toutefois, le cinéaste Woody Allen – grand fan du musicien – lui a rendu un hommage explicite dans Accords et désaccords (1999), où Sean Penn incarne un guitariste de jazz fictif qui idolâtre Django Reinhardt.
Le scénario de Django
Le biopic d’Étienne Comar se penche sur un épisode précis de la vie du musicien, à savoir sa fuite de Paris en 1943, sous la menace des nazis qui persécutaient (entre autres) la communauté des manouches. Soit des événements dramatiques finalement assez peu évoqués quand on parle de Django Reinhardt.
Le scénario a été co-écrit avec l’écrivain Alexis Salatko, qui a récemment publié (en 2013) un roman largement biographique intitulé Folles de Django, dans lequel l’expérience du guitariste pendant l’occupation allemande est également évoquée. Il est donc probable que le livre ait, dans une certaine mesure, servi de point de départ au scénario du film.
Reda Kateb dans le rôle principal
C’est Reda Kateb qui incarne Django Reinhardt dans le film. Révélé par Un Prophète (2009), de Jacques Audiard, le comédien français a depuis beaucoup tourné, sous la direction notamment d’Hélène Fillières, de Joachim Lafosse et de Wim Wenders. Le tournage a probablement exigé tout un travail spécifique notamment au niveau du doigté ; en effet, ayant perdu l’usage de deux des cinq doigts de se main gauche suite à un accident, Reinhardt avait été contraint de développer une manière bien particulière de jouer de la guitare.
Le casting de Django inclut également la célèbre comédienne belge Cécile de France et la chanteuse hongroise Bea Palya, qui interprète la femme du guitariste.
Notons que c’est le Rosenberg Trio qui interprète la musique de Reinhardt dans le film. Une information plutôt rassurante, puisqu’il s’agit de l’un des tous meilleurs groupes de jazz manouche actuels et que les Rosenberg ont maintes et maintes fois joué des morceaux de Django Reinhardt pendant leur carrière. Ils se produisent d’ailleurs souvent dans le festival seine-et-marnais qui lui est consacré.
Django à la Berlinale 2017
Django a donc été choisi pour faire l’ouverture du Festival international du film de Berlin, qui se tiendra du 9 au 19 février 2017 et dont le jury sera présidé cette année par Paul Verhoeven (rappelons que son film Elle a reçu le Golden Globe du meilleur film étranger cette année).
Reste à espérer que le film tienne ses promesses, le biopic étant un exercice délicat dont finalement assez peu de réalisateurs se sont bien sortis en France. On aurait bien tort, toutefois, de ne pas laisser sa chance à ce Django prometteur.
Quelques morceaux de Django Reinhardt
Voici une sélection toute personnelle d’enregistrements de Django Reinhardt. Tears est l’une de ses propres compositions (Stéphane Grappelli, que l’on entend au violon, a également participé à l’écriture de ce thème, l’un des plus dramatiques du répertoire de Reinhardt), au même titre que Nuages. Ce dernier, sans doute sa plus belle trouvaille mélodique, est proposé ici dans une version bien particulière, présente sur le tout dernier album de Reinhardt (The Great Artistry of Django Reinhardt), où il joue de la guitare électrique et non acoustique, comme il avait coutume de le faire. Oriental Shuffle est une composition de Reinhardt et Grappelli enregistrée en 1936, et enfin, I’ll See You In My Dreams est un standard composé par Isham Jones, dont Reinhardt a signé l’une des plus célèbres versions (il fut le premier à interpréter ce thème à la guitare, ce qui donna des idées au guitariste américain Merle Travis, qui donnera ensuite sa propre version).
Aucun commentaire