Film de George Miller
Année de sortie : 1979 (1982 pour la sortie française)
Pays : Australie
Scénario : George Miller, Byron Kennedy, James McCausland
Photographie : David Eggby
Montage : Cliff Hayes, Tony Paterson
Musique : Brian May
Avec : Mel Gibson, Steve Bisley, Joanne Samuel, Tim Burns, Hugh Keays-Byrne.
Fifi: They say people don’t believe in heroes anymore. Well damn them! You and me, Max, we’re gonna give them back their heroes!
Max: Ah, Fif. Do you really expect me to go for that crap?
Plus de trente ans après sa sortie, Mad Max impressionne encore par son efficacité et son aspect brut et authentique. Un film qui ne ressemblait alors à aucun autre, et qui reste une référence en matière de cinéma post-apocalyptique.
Synopsis de Mad Max
L’action se déroule en Australie, dans un futur proche. Au terme d’une course poursuite acharnée, le policier Max Rockatansky (Mel Gibson) provoque la mort accidentelle de Crawford Montazano, un forcené qui avait volé une voiture de police. Les nightriders, une bande de motards dégénérés dont Montazano faisait partie, jurent de venger leur ancien complice…
Critique du film
Mad Max est à la base un petit film indépendant australien au budget extrêmement modeste. Tellement modeste que seul Mel Gibson porte de vrais vêtements en cuir (les autres sont en vynil) et que les mêmes véhicules, repeints d’une couleur différente, sont réutilisés d’une scène à l’autre. Même la post-production s’est faite dans des conditions artisanales, le film ayant été monté dans la chambre de Byron Kennedy (coauteur du scénario avec George Miller et co-fondateur de la société de production Kennedy Miller) avec du matériel de montage créé pour l’occasion par son père, un ingénieur. A l’arrivée, Mad Max remporte un succès mondial et acquiert au fil des ans le statut de film culte.
Il est vrai qu’en 1979, personne n’avait encore vu quelque chose de semblable au cinéma. Dans un futur qui ne ressemble à rien (les décors sont d’une grande pauvreté pour un film de S.F), des policiers tantôt débiles, tantôt têtes brûlées (ou les deux) affrontent des motards tous plus malsains les uns que les autres. Le scénario, s’il puise son inspiration dans le premier choc pétrolier survenu en 1973, ne s’embarrasse pas de la dimension politique souvent associée au genre S.F ; la psychologie n’y a pas davantage sa place. Linéaire, épuré et d’une simplicité confondante, il dépeint une réalité extrêmement brutale avec une absence d’explication et de contextualisation qui, quelque part, donne sa force et son originalité au film ; la violence et la folie ambiantes, que l’on retrouve même chez le personnage principal (d’où le titre), sont d’autant plus choquantes – et en un sens fascinantes – qu’on en ignore les origines. Le monde est réduit à un paysage désertique, traversés par des routes ou règnent uniquement la vitesse et le chaos. Même le commissariat de police est complètement délabré. Cette représentation d’un futur apocalyptique était alors, au cinéma en tous cas, nouvelle et surprenante. Mais Mad Max a également marqué les esprits de par un final d’un nihilisme total, qui assoit définitivement le caractère inéluctable de la barbarie dépeinte dans le film. Jugé trop brutal, Mad Max a d’ailleurs été interdit dans plusieurs pays dont la France, où il ne sortira qu’en 1982.
La particularité du film tient également dans la manière dont Mad Max a été conçu, réalisé et monté. A savoir avec un manque de moyens financiers – comme évoqué précédemment – qui au final contribue à l’identité visuelle et au cachet du film. Avec plus d’argent, George Miller et Byron Kennedy auraient peut-être développé certains aspects de l’histoire, mieux travaillé les décors et ajouté des effets spéciaux qui finalement auraient dépourvu le film de son aspect brut, fauché et sans concessions. L’action se situe dans un futur misérable, vide de sens et violent, et les limites imposées par le budget du film ont sans doute poussé les auteurs à aller jusqu’au bout de cette démarche, en se débarrassant de tout ce qui aurait pu être superflu et en se contentant de décors et d’accessoires aussi pauvres et minables que le monde qu’ils décrivent.
La réalisation de George Miller est d’une grande efficacité et contribue grandement au style de Mad Max. Il multiplie les cadrages inspirés au cours des courses poursuites et utilise à bon escient les ralentis, un peu à la manière d’un Peckinpah avant lui. Le découpage précis des plans donne aux scènes d’action un impact brutal que le temps n’a pas altéré. Le réalisateur s’en sort également très bien quand il s’agit de faire monter progressivement la tension, comme dans cette séquence où la femme de Max (Joanne Samuel) est traquée par les motards. Enfin, il met en scène la confrontation finale avec un mélange de spectaculaire, de réalisme et de sobriété terriblement efficace, illustrant tout le pessimisme et la noirceur du propos en quelques plans rageurs et implacables.
Certes, Mad Max n’est pas exempt de défauts – il y a bien quelques scènes un peu mièvres entre Max et sa belle épouse (Joanne Samuel), ou encore des effets kitchs et un peu faciles – mais d’un autre côté, ils contribuent au charme de ce film brutal et minimaliste qui prouve qu’avec une idée originale, une démarche jusqu’au-boutiste et surtout une vision, on peut marquer l’histoire du cinéma. Une leçon à retenir pour tous ceux qui étalent des budgets pharaoniques sur l’écran, sans se préoccuper de les mettre au service de deux ingrédients essentiels à tout bon film : une bonne histoire (comme disait Jean Gabin) et un point de vue.
Mad Max a fait date dans l'histoire du cinéma. Fauché, brutal et sans concessions, ce western malsain et dystopique donna naissance à l'une des sagas les plus cultes de l'histoire du 7ème art, et exerça une influence culturelle majeure. Un chef d’œuvre du genre.
4 commentaires
Symphonie virtuose, épique et dégénérée, ouéstèrne post-moderne et suprêmement décadent (la scène des « bad guys at the station » a tout de High Noon ou de Sergio Leone), hymne frénétique à la vitesse (hypnotiques rubans d’asphalte), sauvage, fétichisant (cuir, sueurs, cicatrices, cylindrées et tôles froissées, le tout avant Cronie), anticipation déjantée (il faut voir le commissariat du MFP et ses flics-voyous déglingués), hiératique et revancharde (du ouéstèrne que j’vous dit, de Liberty Valance à Unforgiven !)… une date assurément (même si c’est le 2ème volet, post nuke, qui alimenta 20 ans de clônes latins…) !
Vision apocalyptique, cheapos et no future, magnétique (pas si éloignée de celle du Big Apple fracassé de New-York 1997), méchamment filmée, c’est l’occasion d’une des ouvertures les plus catchy et estomaquante du ciné d’alors (la poursuite du Knightrider), d’une poignée de scènes traumatisantes (l’agression collective de la minute 25, celle de la famille de Max, Goose le motard passé au barbecue…) et de quelques autres distillant une angoisse de correcte ampleur (la traque forestière (cousine consanguine de Delivrance ?) précédant la mise à mort du bébé de Jessie (elle survivant tout juste) me terrifia, en son temps).
Joué assez approximativement (malgré l’hallucinée Tondeuse, sorte de Benny Hill psychopathe), ce qui renforce le malaise ambiant, mais filmé avec une rare intensité, le film, nerveux et complaisamment sadique, idéologiquement douteux (tout ça est bien réac’ !), est soutenu en outre par une partition orchestrale classique et baroque à la fois de Brian May (très Herrmann-Rozsa-Waxman) qui renforce le climat difficilement soutenable de la chose, authentique concentré de chocs, pépite odieuse et inouïe, scandaleux chef-d’œuvre patenté… film-monstre, culte et éminemment formateur.
Belle envolée, je m’incline!
[…] d’autres avis : Traqueur Stellaire, Solaris Distribution, Cinétudes, Citizen Poulpe – Mad Max Online, le site officiel du film (en […]
L’image la plus violente du film : une chaussure d’enfant qui retombe sur l’asphalte – à mettre en parallèle avec la chaise vide de « M le maudit ».