Film de Marie Madinier
Pays : France
Année de sortie : 2016
Scénario : Marie Madinier
Photographie : Pascal Marti
Montage : Guerric Catala, Julia Gregory
Musique : Stephen Warbeck
Avec : Charlotte Le Bon, Guillaume Canet, Xavier Beauvois, Patrick d’Assumçao, Damien Chapelle, Anne Le Ny
Avec Le Secret des banquises, Marie Madinier signe une fable gracieuse et rafraîchissante, emmenée par d’excellents comédiens.
Synopsis du film
Le professeur Quignard (Guillaume Canet) étudie, au sein de son laboratoire de recherche, une protéine immunisante produite par les pingouins. Christophine (Charlotte Le Bon), une thésarde maladroite, rêveuse et secrètement amoureuse du professeur, décide de l’aider dans ses recherches en lui servant de cobaye.
Pressés par le temps et agissant dans le plus grand secret, Quignard et Christophine vont se livrer à une expérience riche en surprenantes révélations – et non dénuée de risques…
Critique de Le Secret des banquises
La comédie romantique n’est pas un genre qui se fait rare dans le cinéma français, ou américain d’ailleurs. Chaque année nous apporte son lot de films tentant d’atteindre cet équilibre, pas facile d’ailleurs, entre humour et (bons) sentiments. De l’art de faire un film agréable, sentimental et plutôt optimiste, sans verser dans la caricature, la mièvrerie ou encore le comique lourdingue dont certaines productions françaises sont entachées.
Pour aborder un genre comme celui-ci, il est plutôt judicieux de lui apporter d’emblée un coup de neuf en choisissant un contexte qui lui est rarement associé. C’est le cas du premier long métrage de l’actrice, scénariste et réalisatrice Marie Madinier (vue notamment dans Un Baiser s’il vous plaît, d’Emmanuel Mouret), puisque Le Secret des banquises (film de clôture du Champs-Élysées Film Festival 2016) se déroule dans un laboratoire scientifique, au sein duquel les rêveries amoureuses de la touchante Christophine (Charlotte Le Bon) paraîssent aussi délicieusement décalées que son singulier prénom.
Très vite, Le Secret des banquises séduit par sa manière de dépoussiérer le genre par des répliques qui font mouche, des personnages bien écrits et un environnement visuel rafraîchissant dans tous les sens du terme, à l’image de la banquise artificielle conçue par le chef décorateur Stéphane Rozenbaum – fidèle collaborateur de Michel Gondry – pour les besoins du tournage.
Le choix de ce cadre n’a évidemment rien de gratuit, puisqu’il est directement lié à l’histoire d’un film dont la dimension fantastique renvoie à un sentiment amoureux aussi beau qu’étrange et insaisissable. Mais Le Secret des banquises parle aussi d’un phénomène propre à la recherche, à savoir la compétition entre laboratoires qui, potentiellement, peut conduire à la précipitation et à l’imprudence, quand la science exige du temps et de la sérénité. C’est ce contexte qui contribue, en quelques sortes, aux événements décrits dans le film.
Si Charlotte Le Bon avait déjà démontré son talent de comédienne dans plusieurs autres longs métrages, elle atteint ici une dimension supplémentaire, en combinant grâce et maladresse avec un naturel confondant. On rit franchement de voir ses sentiments pour l’austère professeur Quignard (Guillaume Canet) malmenés par le sérieux et l’ambition de ce dernier. Leur duo fonctionne à merveille, évoquant l’élégante légèreté des grandes comédies romantiques américaines des années 40-50 que Marie Madinier compte parmi ses références, citant notamment Howard Hawks (pour L’Impossible Monsieur bébé), Ernst Lubitsch et Joseph Mankiewicz.
Autour de ce couple charmant, les seconds rôles jouent tous une partition précieuse, de l’étrange séducteur Siegfried (Damien Chapelle) au tandem Anne Le Ny/Patrick d’Assumçao, aussi comique que bienveillant. Sans oublier les incontournables pingouins, que la réalisatrice filme avec une joie et un attendrissement communicatifs…
Le Secret des banquises est, pour reprendre l'expression de son auteure, un conte scientifique
où sentiments et humour décalé se mêlent dans un délicat équilibre, sur fond de compétition dans le domaine de la recherche. Si Charlotte Le Bon est particulièrement rayonnante, tous les comédiens ont visiblement pris beaucoup de plaisir à tourner cette fable drôle et poétique, qui capture avec élégance l'étrangeté et le mystère du sentiment amoureux.
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